Allocution d’ouverture à la XIème journée de Rencontre de Paradoxes, 13 octobre 2012
Irène Bouaziz, Georges Elkan, Chantal Gaudin
11 ans ? Qui l’eut cru ?
Nous sommes ravis d’ouvrir, pour la onzième année consécutive, la journée de rencontre de notre association.
Il y a cette fois parmi vous beaucoup de nouveaux participants et nous avons fait le choix, plutôt que de tenter de résumer l’approche que nous représentons en quelques mots maladroits au début de la journée, de mettre dans vos dossier un mini résumé qui devrait vous permettre de vous repérer.
L’année dernière, Babara Anger Diaz et Katarina Anger, deux thérapeutes ayant travaillé de nombreuses années avec les trois inventeurs de la méthode : John Weakland, Paul Watzlawick et Richard Fisch, nous les ont présentés en nous décrivant les particularités des styles de chacun.
Peu de temps après, le 23 octobre 2011, disparaissait le dernier d’entre eux, Richard Fisch et nous allons débuter cette journée en lui rendant hommage.
Nous avons tous les trois rencontré Richard Fisch au cours de notre formation. Si nous avions, comme beaucoup, assisté à des conférences de Paul Watzlawick, nous avons eu l’immense chance de bénéficier de l’enseignement direct de Dick, dans de petits groupes à l’Institut Gregory Bateson.
Pour ma part (Irène Bouaziz), ma première rencontre avec Richard Fisch remonte à il y a 20 ans. Je venais de découvrir le livre qui allait changer radicalement ma pratique de psychiatre « normale », « Tactiques du changement » et j’étais parfaitement fascinée par cette nouvelle approche. Richard Fisch et Karin Schlanger, qui est aujourd’hui directrice du Centre de Thérapie Brève du Mental Research Institute de Palo Alto, avaient été invités par un laboratoire pharmaceutique à animer une conférence de présentation de la Thérapie Brève et je les avais écoutés, émerveillée, parler devant le « Tout Paris de la psychothérapie »… définitivement sceptique !
Dick avait fait une démonstration et avait réussi le tour de force de ne pas se laisser démonter par un « client » saboteur professionnel venu tenter de prouver que la méthode ne marchait pas.
L’année suivante, Georges et moi débutions notre formation à l’Institut Gregory Bateson et avions droit à son enseignement en direct. Je ne suis pas peu fière d’avoir reçu, en mai 1995, des mains de Richard Fisch, mon diplôme de thérapeute brève Palo Altienne.
Dick était un petit bonhomme qui ne payait pas de mine, il incarnait une position basse à la Woody Allen, tout en restant très ferme sur le cadre de l’intervention. Il contrastait de façon saisissante avec le grand et noble Paul Watzlawick.
Sa présentation de la stratégie d’arrêt des tentatives de solution était d’une parfaite clarté et il illustrait ses explications d’analogies très parlantes. Je me souviens en particulier de l’image qu’il avait utilisée pour expliquer comment il fallait adapter ses interventions à chaque client : « il n’y a pas une bonne façon de jouer au tennis, tout dépend du jeu de celui qui est en face ».
Après 20 ans de pratique, lorsque je me replonge dans les notes prises à l’époque dans mon beau cahier rouge, j’ai le sentiment d’être à la fois parfaitement fidèle à ce que Fisch nous a enseigné et en même temps d’avoir suivi mon propre chemin. Il ne voulait pas que l’on parle de paradoxe, trouvant ce terme trop théorique, il avait préféré la notion d’arrêt des tentatives de solution.
Et voilà. Aujourd’hui, l’association PARADOXES, qui fête son 11ème anniversaire, rend hommage à Richard Fisch.
© Paradoxes